Les fidèles de ce blog (oui, il y en a !) savent que j’étais convié au TEDx de St Brieuc en mars dernier afin de présenter brièvement ce qu’est l’Intelligence Personnelle, “concept” pensé il y a quelques années et que nous faisons vivre maintenant avec mon collègue Christophe. Je pourrais me contenter de vous annoncer la mise en ligne de la vidéo de l’intervention et juste vous en donner le lien car finalement, ce qui est intéressant, c’est bien le contenu. D’ailleurs, c’est ce que je vais faire ! (n’oubliez pas de liker sur Youtube si ça vous a plu, cela permettra à d’autres d’en profiter 😉 et aussi d’aller voir les vidéos des autres intervenants du TEDx sur le thème “(re)construire”). Mais si vous voulez en savoir plus sur “le pourquoi du comment”, je vous invite tout de même à continuer la lecture ci-dessous…
… Il m’est en effet apparu nécessaire d’ajouter quelques précisions ici sur le message à peine caché (voire pas du tout en fait !) que j’ai souhaité communiquer lors de cette intervention. En préparant le TEDx, on m’a recommandé de raconter une histoire… ce que j’aurai au final fait car cela fait partie de l’exercice. Un grand nombre d’idées a bien évidemment bouillonné mais finalement il y a une chose qui est apparue évidente, celle qui a fait que depuis mon adolescence je m’intéresse aux neurosciences, à la psychologie et nos interprétations de l’information, à la médecine… qui m’a permis d’apprendre la guitare en autodidacte et donné l’envie de me battre, cette force de travail qui fait que j’arrive aujourd’hui à cumuler de nombreuses activités (pas forcément rémunérées d’ailleurs mais ce n’est pas là l’essentiel)… et bien évidemment, sinon je n’en aurai pas parlé, celle qui a fait que j’ai développé ce concept d’Intelligence Personnelle… Je veux parler de mon… agoraphobie (phobie des grands espaces et de la foule) ! Alors attention, je ne parle pas de ce type de peur/dégoût qu’on peut avoir par exemple en regardant un insecte et que certains vont vous soigner en une séance d’hypnose. Je parle de phobie qu’on ne comprend pas, qui provoque des crises de panique et vous fait vous évanouir dans des situations que vous trouvez pourtant consciemment totalement ridicules et vous incite à penser, car vous êtes rationnel, que vous avez forcément une maladie très grave parce que vous n’êtes pas… fou ! Je parle aussi de celle qui va jusqu’à vous faire arrêter votre jeune et prometteuse carrière de chercheur en biologie moléculaire car vous avez peur pour votre santé et celle des autres si vous vous évanouissez dans le laboratoire un tube de rétrovirus ou de radioactivité à la main…
Quand j’en parlais autour de moi à l’époque où cela a commencé (à partir de 13/14 ans), les réactions du type “bah, arrête tes bêtises, on ne va pas te manger si y’a un peu du monde” ou encore “oh c’est rien, c’est de la spasmophilie, tout le monde a ça, arrête de te plaindre“, etc. ont fait que finalement je n’ai plus rien dit à personne. Ce qui m’a permis de faire un peu le tri dans les amis au passage… Et je remercie d’ailleurs tout ceux qui le sont encore, ils sont heureusement nombreux, alors qu’ils n’ont pourtant jamais su pourquoi je ne pouvais pas venir au dernier moment à leur anniversaire cette fois-ci, sortir au cinéma cette fois-là, assurer la date de concert à laquelle je m’étais pourtant engagé, etc. Eh bien voilà, maintenant vous savez 😉 Je ne parlerai par contre pas des rares à qui je me suis tout de même confié en toute sincérité et qui du jour au lendemain ne m’ont plus adressé la parole car mon but ici est d’apporter un témoignage positif.
Car justement, pourquoi j’en parle aujourd’hui aussi facilement ? D’une part car depuis 2013 environ, je me considère comme “totalement” guéri. Entre guillemets car je ne pense pas qu’on guérisse complétement de ça lorsque cela a duré aussi longtemps et que cela a participé à forger votre caractère. Mais les vertiges violents en quasi-permanence qui font que vous vous sentez exactement comme sur la photo en entête de cet article (imaginez aussi le son comme si vous étiez la tête sous l’eau) ont bel et bien disparu. Et je prends depuis quelques années un vrai plaisir à intervenir en formation, en amphithéâtre, en conférence, à aller à des concerts (sans être planqué au fond derrière un poteau, voire en restant dans le couloir) et, en mars dernier, de parler de tout ça devant presque un demi-millier de personnes, sans que les mauvais souvenirs en tête ne déclenchent de manière Pavlovienne une nouvelle crise.
Alors certains doivent se demander : “Qu’est-ce qui a changé ?“, puisque finalement ce n’était pas l’objet du TEDx et que je n’aborde pas ce sujet en détail si ce n’est dire à la fin que j’ai accepté de me soigner ? Je dirais que c’est un gros ras le bol… Ras le bol de rester enfermé dans une pièce parfois plusieurs jours de suite sans même bouger du lit au risque de m’évanouir. Ras le bol aussi d’en arriver à espérer que la médecine me trouve enfin quelque chose de bien grave (!) pour tout expliquer et envisager enfin un traitement, alors que d’autres souffrent vraiment de ces maladies et qu’ils ne sont évidemment pas à envier. Après avoir refusé pendant des années de voir un thérapeute car je considérais que ma tête allait très bien (ce qui était le cas ceci dit, physiologiquement parlant), j’ai donc enfin accepté d’essayer, sans être vraiment convaincu d’ailleurs mais il ne restait plus que ça, à la condition qu’il n’y ait pas de recherches sur le plan psychologique. Et c’est là qu’un médecin m’a expliqué que j’avais développé une hypersensibilité à certains types d’informations et le fait de me focaliser dessus avait en quelque sorte “renforcé les connexions”. En gros, en situation de stress courant, dans le sens banal du terme (je ne parle pas d’angoisse), comme par exemple une présence dans un grand espace vide (sans lieu pour s’abriter) ou au contraire rempli de foule, notre système nerveux est à l’affut de nombreux signaux car “un danger peut vite arriver”. Cela va jusqu’à ressentir des choses auxquelles on ne fait normalement pas attention consciemment : les micro-oscillations de son corps ajustant son équilibre, les battements de son cœur jusque dans les membres, l’intégralité des bruits environnants quelles que soient leurs distances, etc. J’étais en fait devenu un expert dans le domaine, déclenchant de suite le plan ORSEC à la moindre apparition de nuages !
On m’a donc appris une technique de relaxation utilisée par les grands sportifs qui au final s’est avérée être, je l’ai appris par la suite via mes nombreuses lectures sur le sujet, identique à ce qui est pratiqué dans la méditation dite laïque ou en pleine conscience. L’objectif était de ramener le niveau de mobilisation de mon système nerveux (système de veille !) à un stade adapté à la situation, ni plus, ni moins. Pour cela, il faut imaginer des scènes de plus en plus “difficiles”, c’est à dire qui provoquent en situation réelle des crises de vertiges intenses, alors qu’on est au sommet de la phase de relaxation, donc que l’on a convaincu son “inconscient” que l’on est bien en sécurité (parce que si c’était le conscient à convaincre, ce serait réglé en 2 min !). Dans mon cas, cela consistait au début à imaginer la traversée d’une pièce chez moi sans avoir la tête qui tourne ! Mais il faut ensuite passer petit à petit à la pratique, ce qui prend plusieurs mois pour chaque étape jusqu’à pouvoir enfin ressortir faire ses courses par exemple. Par habitude, de “nouvelles connexions” neuronales se créent et se consolident, et les situations auparavant exagérément stressantes n’enclenchent plus les sensations physiques de malaise.
Tout cela fait que je me sens tout à fait légitime quand je parle des bienfaits de la méditation et comment l’appliquer !
Au final, la guérison a consisté à “ralentir”, à se poser pour diminuer l’activité “de la machine”, d’où le sous-titre de ce blog “- + – = +”. Attention, ralentir ce n’est pas ne plus rien faire. D’ailleurs je n’ai jamais eu autant d’activités (même si je vais devoir en laisser quelques unes) que maintenant. C’est faire en sorte d’avoir des moments dans la journée pour se poser et être plus efficace dans les situations où effectivement on doit être actif et mobiliser toute son attention. En gros, c’est agir juste avant d’entendre le ventilateur du processeur trop s’exciter. Et la méditation/relaxation permet de faire ça très bien, sans prendre trop de temps.
Et le TEDx alors !? J’en ai déjà un peu parlé. Ça c’est très bien passé… au regard de ce tout ce que j’ai dit ci-dessus, surtout ! Alors évidemment je parle vite mais c’est ma marque de fabrique, je bafouille un peu (comme sur bien d’autres vidéos TEDx ceci dit), il y a des passages où j’ai fait des contre-sens par omission de négation (et je ne m’en suis rendu compte qu’en regardant la vidéo), mais on comprend quand même… Ah oui, il y a bien quelques blancs… mais ils ne sont pas liés à un trou de mémoire. A 2 reprises je semble en effet chercher mon texte… mais c’est uniquement car j’ai été submergé d’émotions en revivant des années de souffrances en quelques secondes. J’en ris même à un passage, comme un pied de nez à la “maladie” (si on peut considérer ça comme une maladie… encore aujourd’hui je parle de mauvaise connexion, de problème “d’assemblage”) à qui j’aurais dit “eh bien tu vois, même en me remettant en tête ces mauvais souvenirs, je suis quand même là debout et je continue mon histoire devant tout le monde” (je vous rassure, je ne me parle pas comme ça et je n’ai pas d’ami imaginaire !).
Au final, même si j’étais venu pour parler de l’Intelligence Personnelle, c’est une rencontre qui s’est passée en fin de journée qui a justifié à elle seule le fait d’avoir fait le voyage. Une maman est venue me présenter sa fille, adolescente, en m’expliquant que cette dernière était obligée de manquer l’école et envisageait maintenant un enseignement à distance. J’étais évidemment très ému en repensant à cette souffrance, que j’ai aussi vécu dès le collège, de ne plus pouvoir rien écouter des cours dès 9h15 et de passer mon temps à regarder l’horloge en espérant la sonnerie… Via cette rencontre imprévue, avoir pu donner l’exemple à cette jeune fille non seulement qu’elle n’était pas la seule à vivre ou avoir vécu ça, qu’on peut s’en sortir au point de venir le dire en public (en rigolant) dans une salle de spectacle bondée (qui rigolait aussi même si on ne l’entend pas sur la vidéo 😉 ), en y prenant du plaisir en plus… et surtout que c’est finalement un don et non un problème (je sais, c’est dur à entendre, tout comme ça l’était quand les médecins me le disaient), tout cela était une raison largement suffisante de ma présence. Car comme je l’ai déjà dit, tout ça m’a servi. C’est par exemple pour ça que je suis devenu expert dans la recherche d’information sur le web et en ai fait mon métier : enfermé toute la journée parfois durant plusieurs semaines, je cherchais sur Internet à vivre et voir les mêmes choses que tout ceux qui peuvent sortir. J’ai appris à jouer de la guitare dans l’espoir un jour de faire de la scène et prendre ma revanche (ce qui est réparé depuis longtemps, voir photo ci-dessous !) et je ne vois pas comment vivre aujourd’hui sans musique au quotidien. Je me suis passionné pour le fonctionnement du cerveau et notamment tous les bugs de raisonnement qui nous font agir ou croire des choses contre nos intérêts, ce qu’on appelle les biais cognitifs. Je ne supporte pas non plus qu’on manipule les gens et me suis ainsi fortement documenté sur les techniques d’influence. Etc. Évidemment, j’aurai préféré arriver au même résultat sans passer par là… mais est-ce que j’aurai développé ce qui me motive le plus maintenant, notamment enseigner les principes de l’Intelligence Personnelle ? Est-ce que je serais aussi légitime pour parler de tout ça ? Est-ce que j’aurais lu et annoté des centaines de livres sur la psychologie positive, l’intelligence émotionnelle, la méditation, le management, le développement personnel, etc. qui me permettent d’affirmer que ce que je propose est pertinent scientifiquement ? Je ne crois pas…
J’espère ainsi que certains qui liront ce message et souffrent d’une “maladie” du même genre trouveront là un petit espoir et un témoignage positif, non pas d’un médecin qui cherche à rassurer mais de quelqu’un qui est passé par là.
Je vois des collègues qui sont dans le déni et ne veulent pas se soigner car tout comme moi pensent que leur tête va très bien (ce qui est le cas ceci dit). Au passage, c’est impressionnant le nombre de personnes qui ont des problèmes, heureusement pas toujours très graves médicalement parlant mais qui en souffrent en quotidien et n’acceptent d’en parler spontanément que quand je leur fais la confidence de mon histoire. Alors, attention, pas d’amalgame ! Je ne dis pas que l’Intelligence Personnelle est une nouvelle thérapie pour les phobiques, ce n’est pas du tout l’objet du propos et n’a aucun rapport, mais je suis convaincu que sa pratique pourra aider toutes celles et ceux qui souffrent de stress, ne serait-ce que par un mauvais choix d’activité professionnelle, en proposant une meilleure gestion de l’information, y compris l’interne, celle qu’on ne maitrise pas volontairement, en ralentissant, en prenant soin de son corps, en dormant mieux et en se relaxant, par la méditation ou toute autre occupation (musique, lecture… voire ne rien faire !).
Ce message, mine de rien, cela fait presque 30 ans que j’espérais pouvoir l’écrire,… et si je peux le faire aujourd’hui c’est justement car je considère qu’être passé par tout ça est une vraie force, notamment dans l’objectif que je me suis lancé via l’Intelligence Personnelle d’aider les gens. Nous avons tous au fond de nous d’immenses capacités qui n’attendent qu’à être révélées, exploitées et exercées par exemple dans le cadre d’une activité professionnelle ou annexe choisie consciemment, en accord avec nos valeurs, tout en nous faisant du bien ainsi qu’à nos proches… et à tous les autres !
Source image à la une : Pixabay / image concert : source personnelle / vidéo : TEDx St Brieuc/Youtube